• Amour aveugle et douleur sourde [privé]


    Jeudi 1er Novembre 2018 à 21:43
    Lilicha

    Lola :

    Oz, Oz, Oz, et re-Oz, elle n’a que ce nom en tête et sur la langue, la luciole, depuis qu’ils se sont quitté, même sa bonne vieille locatrice un peu amnésique a fini par les retenir, ces deux petites lettres qui mettent en émoi la demoiselle dès qu’elles forment, au sortir de sa bouche en cœur, cette syllabe si spéciale. Oz. « Oz m’a invitée au restaurant », « Je vais recevoir une lettre d’Oz », « Je n’en peux plus d’attendre de revoir Oz » … Le premier jour, elle jubile. Le deuxième jour, elle trépigne. Le troisième jour, elle boue, et ça y’est, elle la reçoit, sa fameuse missive, au pied de sa porte elle la trouve. Juste le temps de pousser un petit cri de joie, de la ramasser, de courir chercher un petit couteau, de la décacheter et de regarder, avide de tout ce qui puisse venir d’Oz ; son écriture parfaitement soignée. L’adresse la laisse blême le temps d’une seconde. Dans son petit patelin, elle en a entendu des belles au sujet d’Aeriscordo : présomptueux, le petit monde sectaire de la cité de l’évolution est présomptueux, et Lola croit que sur son visage, on lit inscrit « paysanne ». Quand bien même, Oz sait lire entre les lignes, lui, et c’est tout ce qui compte.

    Vendredi.

    La luciole a revêtu sa petite robe rouge coquelicot des grands soirs, elle l’avait trouvée un jour, perdue au milieu d’un débarras de brocante miteux, l’occasion était trop belle. Dans son petit sac, elle n’oublie pas un petit truc, qui, elle espère, aura le pouvoir de dessiner un grand sourire. Et puis elle court, elle vole, elle atterrit sur ses deux jambes devant l’enseigne du restaurant chic où le magicien doit l’attendre parce qu’elle est un petit peu en retard, et elle nage dans son excitation – Où êtes-vous Oz, où êtes-vous ?

    Jeudi 1er Novembre 2018 à 22:52
    yumyumi

    Oz :

    Trouver l’adresse de la luciole avait été tâche facile : comme elle l’avait prédit, il n’y avait pas beaucoup d’auberges à la lisière de la forêt des Druides, et Oz a rapidement repéré là où logeait la luciole. Loin de lui l’idée de vouloir lui faire une visite surprise, le jeune homme se contenta de déposer devant sa porte une lettre, annonciatrice de leur prochaine rencontre, et de filet en douce comme le vagabond qu’il était. Oz y a semé toute son affection, dans cette encre qui a marqué ce papier, et il espère que Lola saura en faire pousser les bonnes fleurs.

    Le jour miraculé arrive, Oz s’est vêtu de son plus beau costume et sa plus belle cravate, a arrangé son haut-de-forme, il porte ses plus beaux mots et tient en ses mains un trésor caché ; une rose noire. La luciole se fait attendre, et pour lui, ces minutes passent comme des heures, à se ressasser toutes les questions qu’il s’est posé maintes fois - est-ce qu’elle s’est perdu en chemin ? est-ce qu’elle a reçu la lettre ? 

    Enfin, il la voit virevolter au loin, et son coeur fait un bond dans sa poitrine en la voyant dans cette robe coquelicot - il ne tarde pas à le lui faire savoir.

    - Lola, vous...vous êtes...resplendissante.

    Doucement, il s’est approché d’elle, presque hésitant, et lui tend timidement sa rose.

    Jeudi 1er Novembre 2018 à 23:50
    Lilicha

    Lola :

    Oz - son nom, elle l’a répété, sa voix, elle n’a pas pu, naturellement, et elle lui a beaucoup trop manquée, alors quand elle retentit dans son dos, vous pensez bien qu’un grand sourire, à la mesure de son amour, gagne aussitôt ses traits. Elle se retourne, tombe nez à nez avec son faiseur de bonheur, elle rougit du compliment, bien sûr ; et elle rit, un peu étourdie de ce qu’elle entend et de ce qu’elle voit.

    - Merci beaucoup, Oz. Je pourrais vous dire que vous êtes très beau vous aussi, et que je suis admirative de vos goûts en matière de costume, mais je crois que mes yeux parlent pour moi.

    Parce qu’ils brillent plus que n’importe quelle boule à facette de n’importe quelle boîte de nuit prisée d’Exoplanet. Lola saisit la rose au noir intriguant – il n’en pousse pas de pareilles dans la nature, alors elle ne sait pas quoi en penser, à part qu’elle est évidemment très belle. Et qu’elle irait très bien dans ses cheveux : là elle la pique sans l’ombre d’une hésitation, et, les mains libres, se met à farfouiller dans sa sacoche.

    - Moi aussi, j'ai quelque chose pour vous.

    Elle lui a confectionné des gants. Pour que ses mains magiques ne s'abîment pas, et continuent de réchauffer les siennes. La tâche a été laborieuse : Lola a bien déjà rafistolé une jupe ou un napperon, mais c'était à peu près tout, et on ne s'improvise pas couturière en trois jours. Sauf peut-être quand on a de l'ambition ? Et ça, pour offrir un cadeau digne de ce nom, elle en avait ! Sans patron, elle s'est aidée de sa propre main pour les contours des doigts, qu'elle a adaptés hasardeusement à une taille plus... Masculine ? Et parce que des gants noirs, on s'en lasse rapidement (c'était du moins son intuition), elle s'est autorisée une petite fantaisie, en brodant un petit bouton doré sur chaque bord. Enthousiaste, elle extirpe ladite paire de gants de son petit sac de et la lui tend.

    - Comme vos gants me semblaient un peu usés... Je vous en ai cousu d'autres. J'espère qu'ils ne sont pas trop petits, j'ai fait à l'oeil. Vous aimez les boutons dorés ?

    Pourvu qu'ils soient à la bonne taille ! Et qu'ils lui plaisent - elle y a quand même passé un petit moment. Enfin, c'était un petit moment de joie, ça l'est toujours quand il s'agit de faire plaisir aux gens qu'on aime.

    Vendredi 2 Novembre 2018 à 00:22
    yumyumi

    Oz :

    Maintenant qu’elle est devant lui, radieuse, Oz ne peut pas en croire ses yeux, ni ses oreilles, d’ailleurs - est-ce que c’est ça, le bonheur ? Ce sentiment prenant, dans ses entrailles, qui le ronge de l’intérieur mais qui lui donne l’impression de voler, c’est donc ça ? 

    Fragile, la luciole saisit sa rose et ses compliments, et Oz en perd ses mots. Elle tend la main vers sa sacoche, et en sort...une paire de gants. Le geste touche le magicien, après tout, savoir qu’elle a passé du temps à confectionner des gants spécialement pour lui est assez pour emplir de joie le jeune homme...N’empêche que ça touche une corde sensible.

    Délicatement, Oz saisit la paire de gants de la poigne de la luciole, lui offrant un sourire en retour. Il la range dans la poche de son costume, près de son coeur, là où ils auront une place spéciale.

    - Vous me flattez, Lola. J’en suis touché.

    Son regard plonge dans celui de la luciole, et il lui offre la main, en guise d’invitation.

    - Nous devrions rentrer à l’intérieur...

    Vendredi 2 Novembre 2018 à 02:35
    Lilicha

    Lola :

    Un brin nerveuse, Lola attend qu’Oz ôte ses vieux gants pour enfiler les siens, que le verdict tombe : lui vont-ils ? Ceci dit elle n’en saura rien, en tout cas, pas ce soir. Le petit mystère que les mains de son magicien couvent affûte de plus en plus sa curiosité. Elle voudrait bien les voir, nues, savoir si, peau contre peau, elle se sentirait propulsée un peu plus haut dans les cieux.

    Et puis elle passe à autre chose. Parce que ce sont de drôles de préoccupations, et parce que de toutes les questions qu’elle se pose, ce ne sont peut-être pas les plus intéressantes. Et peut-être aussi parce que ça ne la regarde pas. Peut-être que ça la regardera dès lors qu’ils se diront, audiblement, yeux dans les yeux, ce qu’il se pourrait qui étreigne leurs cœurs à tous les deux. Puisque quand on aime, on ne ment pas – c’est ce que Lola croit. Mais les secrets sont-ils des mensonges ?

    - Euh… Oui ! Vous avez raison.

    Tous ses tourments filent se réfugier dans l’oubli en catimini, dès lors que la demoiselle pose les yeux sur la main tendue de son cher et tendre – voyez, elle aussi, elle lui a manquée. Ça fait beaucoup, beaucoup de choses dont Lola éprouve du mal à se passer au-delà de 24 heures. Son petit air passablement troublé est derechef remplacé par un sourire rayonnant, et, leurs paumes de nouveaux réunies, elle lui emboîte le pas.  

    Vendredi 2 Novembre 2018 à 19:12
    yumyumi

    Oz :

    Lola oublie vite, ou plutôt, elle n'insiste pas sur le sujet, et Oz la remercie intérieurement. Pour autant qu'il apprécie la jeune femme, il y a des sujets dont ils ne peuvent pas discuter (du moins pour le moment), des secrets qui doivent rester enfouis, et même si la luciole est avide de trouvailles cachées, Oz souhaite garder celle-ci pour lui-même.

    Encore une fois, Oz dirige la danse en se dirigeant à l'entrée de la bâtisse : leur arrivée se fait toute en discrétion, pour le bonheur du magicien, qui pour une fois, ne souhaitait pas s'attirer tout les regards de la salle. En voyant qui semble être le réceptionniste s'approcher, Oz se défait de la prise de la luciole, et glisse une main sous sa veste pour en sortir...

    - ..La carte d'invitation. C'est au nom de Cepher.

    Naturellement, ce bout de papier n'avait rien d'authentique - Oz n'avait pas les moyens de se payer un repas pour deux dans un établissement aussi chic, mais quand on aime, on ne compte pas, n'est-ce pas ?

    Samedi 3 Novembre 2018 à 00:11
    Lilicha

    Lola :

    Cepher. Oz Cepher – c’est son nom complet. Lola grappille n’importe quelle petite information avec un plaisir non dissimulé : un jour elle aura toutes les pièces du puzzle, elle saura qui est vraiment à son bras. Bientôt, elle va savoir si Oz préfère le bordeaux ou le rosé, s’il mange copieux ou léger. Sucré, ou salé ? Et la note, elle, elle va être salée ? La luciole déglutit tandis qu’elle foule le tapis d’entrée. Il y a des ornements sur les murs, des colonnes sculptées dans le marbre, des bouquets de fausses fleurs, des lustres aux dessus de leurs têtes, une musique d’ambiance au piano, une lumière tamisée qui se prête, sans doute, aux moments d’intimité.

    La note va être salée. Et, d’y penser, ça met un tout petit peu Lola dans l’embarras, elle sait qu’il est coutumier pour les hommes de payer. Dans ce cas, elle fera ce qu’il est coutumier pour une jeune femme de faire : prendre une salade ! Même si une jeune femme en robe rouge ici présente a un appétit monstre.

    - Là-bas ? A moins que vous ne préféreriez l’autre table, Oz ?

    Des deux tables que le réceptionniste a désignées pour les installer, c’est sur celle au fond, à droite, à côté de la fenêtre, que l’étincelle a jeté son dévolu. Parce qu’il y a des vitraux, et que la lumière qui y filtre prend une jolie couleur. C’est un peu plus chaleureux. Du reste, tout est si… Pimpant, soigné. Rien qui ne dépasse, rien qui ne tranche avec le reste ; pas un rire une octave au-dessus de l’autre, tout le monde tiré à quatre épingles. Et les serviettes en soie, c’est à se demander si on peut vraiment s’en servir ! Lola lisse sa robe, soucieuse de détonner un petit peu avec le décor, et puis elle croise son reflet dans une jolie amphore dorée. Petite inspiration, petite expiration. Elle se souvient de qui elle est, qu’elle n’en a jamais eu honte auparavant, et puis ce pourquoi elle est là, et avec qui. Oz Cepher. Il est superbe dans son costume et dans ses gants qu’il ne veut pas enlever, il a eu la gentillesse de l’inviter, alors oui, c’est impressionnant ici, non, elle n’est pas habituée, mais on ne peut pas dire qu’on n’aime pas sans avoir essayé.

    - Avant que j’oublie ; merci de m’avoir emmenée ici.

    Elle lui a chuchoté ceci, et lui a sourit avec reconnaissance – c’est la moindre des choses. Fiou ! Elle se sent un peu mieux, maintenant.

    Samedi 3 Novembre 2018 à 09:28
    yumyumi

    Oz :

    Du coin de l'oeil, Oz remarque la façon dont la jeune femme œille cette table, au loin, et c'est donc vers celle-là qu'il mène la marche. Sur son chemin, il observe, il analyse : des verres retournés sur les tables vides, des verres à moitié plein sur celles occupées, par des gens en costume et en robes de soirée. Oz ne se sent pas à sa place, lui, accoutumé aux grandes places foulées de monde, aux échoppes modestes où rien n'est exagéré comme ça l'est ici. Il a l'impression d'être une tache d'encre, sur une serviette en soie parmis tant d'autres.

    Et puis il jette un coup d'oeil à Lola, elle, qui n'a pas l'air d'être à sa place non plus, mais qui s'y fait. Elle doit penser que ça le connaît, les soirées mondaines, et si seulement elle savait ! Encore une fois, la jeune femme doit le prendre pour ce qu'il ne l'est pas, et ça laisse un goût amer dans sa gorge à chaque fois qu'il y repense.

    - Tout le mérite ne me revient pas, et de loin, vous savez...

    Discrètement, Oz pointe du doigt son chapeau, celui qui trône haut sur sa tête, comme un corbeau sur une branche d'arbre. Tout ça, c'est grâce à ce chapeau, cette invitation factice qu'il a réussi à avoir, ce sablier douteux qui avait attiré le regard de la luciole...Sans lui, Oz ne sait pas si il serait ici, sur le point de partager un repas avec la femme la plus magnifique qu'il ne lui ai jamais été donné de voir. Il ne le serait sans doute pas. Inconsciemment, Oz lève la main à sa broche, celle que la luciole lui a offert, et il la serre dans sa paume.

    Arrivé jusqu'à la table, Oz tire une chaise pour la demoiselle, se place sur la sienne et il relâche un soupir. Il l'observe, quelque secondes, et se dit que mine de rien, ce n'est pas si mal, d'être là, tout les deux...

    - ..Je suis quelque peu embarrassé. Je dois vous l'avouer, je, uhm...(il réprime un rire, puis reprend) Je ne suis pas habitué à ce type d'endroit, ces soirées chics où tout le monde se met sur son trente-et-un...

    Samedi 3 Novembre 2018 à 12:02
    Lilicha

    Lola :

    Le chapeau, bien sûr ! Aux prémices de leur dispute, de leur entente, de son amour feu-de-forêt. Le chapeau s’impose. Mais il ne répond qu’au bon vouloir d’Oz – s’ils sont là, n’est-ce pas qu’Oz l’a souhaité ? La volonté est reine, les moyens de l’atteindre sont ses disciples, peu importe comment ils en sont arrivés là, ils y sont, c’est tout ce qu’il y a à retenir.

    Ils s’installent. Lola entrevoit sa petite pince d’or et de nacre dans la main du magicien, ça la revigore d’un sentiment de réconfort. Dans ce microcosme artificiel, il y a quand même du vrai, des sentiments, des trucs qui comptent. Ils se regardent, il parle, elle sourit avec bienveillance, et, comme pour achever de se détacher de ce à quoi elle ne veut pas appartenir, la haute bourgeoisie – une grosse plaisanterie ; elle met les coudes sur la table, et se penche un peu en avant.

    - On s’en fiche, Oz. Moi, en tout cas, je m’en fiche. On n’a pas besoin de se fondre dans la masse, si on peut se fondre l’un dans les yeux de l’autre.

    Est-ce que… Est-ce qu’elle a vraiment dit ça ? Sacrilège. Elle rit, une octave au-dessus.

    - J’ai lu ça dans un livre une fois, j’ai toujours voulu placer cette phrase quelque part. Alors voilà, c’est fait, et avec vous.

    La luciole se love de nouveau dans son siège, et glisse ses mains sous la nappe, pour jouer avec ses doigts au bout desquels l’adrénaline afflue.

    - Du reste, dites-vous que… C’est une nouvelle expérience. Et que chaque nouvelle expérience est bonne à prendre. D’accord ?

    Samedi 3 Novembre 2018 à 15:14
    yumyumi

     Oz :

    Le franc-parler de la jeune femme lui arrache un sourire, et Oz est forcé de constater que Lola n'avait pas pris de temps pour se mettre à l'aise. C'était peut-être ça, aussi, le bonheur, pouvoir être soi-même et sincère avec les gens qu'on chérit, sans devoir se soucier du regard de n'importe qui. Il allait faire de son mieux pour laisser son mal-être de côté : pour cette soirée, ça n'allait être qu'elle seule.

    Lola prend la parole, elle lui arrache un autre sourire - c'est drôle, il ne fait que ça, sourire, quand il est avec elle.

    - ..Vous..vous avez raison, oui. Je vais me focaliser..entièrement..sur vous.

    Ce dernier mot, il le dit avec plus de sens qu'il n'en a déjà : Oz ne sait pas ce qu'il lui prend. Pris de court, il ricane encore, cette fois, plus librement.

    - Enfin ! Je ne sais pas ce qu'il me prend...

    Il toussote discrètement, observant les alentours.

    - Er...Dites moi, Lola, vous...vous logez depuis longtemps, dans cette auberge ?

    Cacher son malaise n'était pas tâche aisée, lui qui d'habitude, était si sûr de lui. Il faut croire qu'elle le rendait toute chose, cette luciole.




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