• Amour aveugle et douleur sourde [privé]


    Samedi 3 Novembre 2018 à 20:02
    Lilicha

    Lola :

    Elle va se les disloquer, ses doigts, si ça continue ! Ses mains refont promptement surface sur la table, comme le feu à ses joues. Moi, je sais ce qui me prend. Ce truc étrange qui se passe de mots, qui la prend au ventre quand il la regarde et qu’il lui dit des choses comme ça. J’ose espérer que ce soit un truc semblable, qui vous prenne. Parce qu’on a beau dire – ça vous retourne, mais la luciole, ça l’a retournée dans un sens qui lui plait. Plus qu’Oz, que la rosace en vitrail aux couleurs chatoyantes, que les notes de piano ; son monde à elle s’arrête ici, et il s’affranchit d’ondes négatives. Stricto sensu : elle se sent bien, alors pourvu que son magicien aussi.

    - Depuis quatre mois, je dirais. Les autres où j’ai pu vivre étaient souvent insalubres. Mais celle-ci est très bien !

    Elle se tait un instant, esquisse un petit sourire de connivence.

    - Pourquoi ? Vous songez à vous y installer ? J’ai ouï dire qu’il restait trois chambre de libre.

    Peut-être que si elle avait bu, elle lui aurait dit que sa propre chambre n’est pas trop petite, qu’il faudrait juste « se serrer un peu », mais elle a encore la tête sur les épaules… A peu de chose près.

    Samedi 3 Novembre 2018 à 20:17
    yumyumi

    Oz :

    Oz sourit à la proposition de la jeune femme, et, au fond de son esprit, se dit que ça ne pourrait être pas si mal, pour une fois, de goûter à la douceur d'un foyer. D'avoir un chez soi, où rentrer, après une longue journée de travail, une chambre qu'il pourrait décorer à sa guise. Tout ce qu'il a, le magicien, c'est son chapeau, et il ne peut même pas en sortir un oreiller en soie.

    - Je vous remercie de la proposition, mais...je dois passer. Voyez vous, je...

    Comment formuler ça de manière soutenue ? Après tout, c'était dur à concevoir, qu'un homme comme lui pouvait rentrer dans un haut-de-forme d'une si petite taille...Mais la technomagie évolue, ce qui a donné naissance à sa carapace-chapeau, sa maison qu'il trimbale sur sa tête tel un escargot. Oz lève les yeux vers son couvre-chef en même temps qu'il parle, le désignant du regard.

    - ..J'habite ici.

    Dimanche 4 Novembre 2018 à 02:42
    Lilicha

    Lola :

    Lola réprime un petit soupir. Ce n’est pas demain la veille qu’elle abolira la distance qui les sépare. C’eut été plaisant, de se réveiller chaque matin en se disant, « tiens, si j’allais proposer à Oz de petit-déjeuner ensemble ? », de l’inviter à prendre le thé à seize heure.

    - Oh !

    C’est un « oh » étouffé, qui traduit l’effarement… Ou la fascination. La luciole pose son menton au creux de sa paume, et secoue doucement la tête.

    - C’est fou.

    Une myriade de jolies images éthérées et surréalistes noie son esprit quand elle pense à la maison d’Oz. Sa maison est sur sa tête (oui, il le dit, alors elle le croit sans broncher, même si c’est la chose la plus démente qu’elle ait entendu depuis très longtemps) – sa maison exprime d’ordinaire ce que sa tête veut. Sa maison, c’est sa tête ? Dieu, c’est fabuleux ! Ça la fait rêver comme une enfant, d’imaginer (sans trop y parvenir) ce que ça doit faire, de vivre littéralement dans sa propre tête.

    - Comment est-ce, chez vous ? Je serais tentée de parier que c’est très grand, très bien aménagé ; une sorte de bazar organisé... (elle hausse les épaules, feignant, pour rire, d’être abattue) Je ne peux pas rivaliser. Dommage, ma locatrice vous aurait fait un prix.

    Dimanche 4 Novembre 2018 à 14:34
    yumyumi

    Oz :

    Elle le mettait dans une position délicate, parce qu'honnêtement, toutes ces spéculations...étaient fausses. Comment c'était, chez lui ? Vide. Creux. Noir. Oz ne rentrait pas dans son chapeau pour se reposer : il y rentrait par nécessité, et c'était assez dur à accepter, lui qui n'avait jamais connu la chaleur d'un vrai foyer. Peut-être qu'un jour, il la connaîtra, que Lola voudra bien l'accueillir chez lui...Un jour, peut-être.

    - Ne vous abattez pas si rapidement, voyons.

    Oz glissa un coup d'oeil rapide aux serveurs, qui se pressaient tous vers des tables, assiettes en main - le leur ne devrait pas tarder à arriver, si... ?

    - Je dois vous avouer que...ce n'est pas une maison à propre parler. J'y rentre, je me repose, j'en ressors.

    Dimanche 4 Novembre 2018 à 21:01
    Lilicha

    Lola :

    Oh… La vie n’est pas un conte de fées. Bienvenue dans la réalité, Lola !

    - Je vois.

    Avec la luciole, c’est tout ou rien – et elle était convaincue que ce mystérieux couvre-chef était capable de tout, tout ce que son possesseur pouvait désirer. Mais si une telle maison existait, sans doute qu’il n’en sortirait jamais, pour le plus grand désespoir de la demoiselle. Et puis si c’était comme ça…

    - Vous ne payez pas de taxes d’habitation, quelle aubaine ! Si j’étais vous, je prendrais une maison secondaire. Mieux ; je ne dépenserais pas un seul sou, je ferais de la collocation avec une amie qui a un peu le mal de la solitude, ces temps-ci. 25 mètres carrés, ce n’est pas bien grand, mais c’est douillet, vous savez.

    En tout cas, elle ne l’a pas gardée longtemps sur les épaules, sa petite tête souriante. Une petite piqûre d'audace lui a délié la langue. Chic ! Elle s'aime mieux comme ça, franche, un peu effrontée - pourquoi est-ce qu'elle aurait peur de dire à l'homme qu'elle aime qu'elle se sent seule sans lui et qu'elle le voudrait bien à ses côtés ? Le seul truc qui l'inquiète un peu, c'est d'être trop insistante. 

    - Mais je ne suis pas vous, alors, en tant que moi, je vous suggère de faire ce que vous voulez, Oz. 

    Dimanche 2 Décembre 2018 à 19:51
    yumyumi

    Oz :

    Elle lui fait de l'oeil, avec ses paroles dénuées de subtilité : Oz aime ça, cette vague de franchise qui découle de ses lèvres, mais il ne peut pas accepter la proposition. Oz est un vendeur nomade - s'installer à un endroit, même avec une femme qu'il affectionnait particulièrement, ne correspondait pas à son mode de vie. Pas pour l'instant.

    - Je ne peux pas accepter, voyons...Mais je prend note.

    Du coin de l'oeil, Oz aperçoit un serveur se dirigeant vers leur table. Il se redresse, sa posture s'étant détendue lors de son échange avec Lola, et lui adresse un sourire.

    - Nous devrions jeter un coup d'œil au menu. (il pointe ce dernier du regard, puis fait un clin d'œil à la jeune femme) ...Je vous préviens, ne vous retenez pas, je vous ai invité.

    Dimanche 2 Décembre 2018 à 20:33
    Lilicha

    Lola :

    Lola se mord la langue. Il ne peut pas. Il ne peut jamais. Dites plutôt que vous ne voulez pas ; l’espace d’un instant, c’est ce que la luciole veut lui dire. C’est vrai, il ne lui dit jamais ce qui le force à refuser si souvent, et parce qu’elle l’aime, elle ne s’en plaint pas. Mais c’est particulièrement frustrant, de se dire qu’Oz « ne peut pas accepter » le confort de sa chambre au profit de son chapeau inhospitalier. Enfin ! Oz a ses raisons que le cœur de Lola ne connait pas.

    La demoiselle remercie le serveur, baisse les yeux sur ledit menu, puis regarde le magicien de nouveau. Mais moi aussi je vous ai invité ! Le visage rehaussé d’une esquisse de fossette, le sourire du sarcasme :

    - Oh, je crains que je ne puisse pas accepter… Mais nous verrons bien.

    Dimanche 27 Janvier 2019 à 16:11
    yumyumi

    Oz :

    Est-ce du sarcasme, qu'il détecte là ? Oz est surpris, agréablement surpris. Ses avances déclinées doivent lui être restées en travers de la gorge - qu'elle lui tienne compte de ses refus, Oz a ses raisons qu'il ne lui dévoilera pas. Pas pour l'instant.

    Oz fait mine de se plonger dans son menu. Son regard jongle entre les côtelettes, les coqs au vin, les entremets, mais il n'en paie pas plus attention. Qu'on lui propose un banquet aux milles saveurs, qu'il n'en paiera pas attention. Oz n'a pas faim. Son regard coule vers la demoiselle devant lui, Lola, dans toute sa splendeur. Peut-être qu'il a faim.

    Rapidement, son choix se fait sur une assiettée de petits fours, et le serveur se presse d'aller les desservir. Oz rehausse ses gants nerveusement, puis il pense à la broche nacrée qui siège dans l'une de ses poches, à la paire de gants dépositée à côté, à Lola qui est assise devant lui, et il se dit que peut-être, peut-être que tout ira bien.

    - Lola, je me dois d'être honnête avec vous. (il clôt les paupières, prend une grande inspiration). Je sais que ça vous agace, Lola, et j'en suis désolé. C'est bien une offre que vous me faites-là, une offre splendide.

    Mais je ne peux pas. Oz se retient de le dire.

    - Mais...(et parce qu'il y a toujours un mais, Oz grimaçe.) Je ne peux pas vous imposer une si grande responsabilité. Ce serait..injuste. C'est peu dire si j'arrive à la supporter moi-même.

    Dimanche 27 Janvier 2019 à 16:52
    Lilicha

    Lola :

    Quand le menu arrive, elle le parcourt rapidement des yeux. Ce n’est pas que rien ne l’intéresse, surtout pas la liste faramineuse de desserts… C’est juste que, elle a affirmé quelque chose, alors elle s’y tient voilà. Lola allait faire la grève de la faim parce que Oz la contrariait. Peut-être une coupe de champagne tout à l’heure, (ça se mange pas le champagne, donc ça compte pas) si elle a besoin de noyer son chagrin ou sa colère, de se détendre, quoi. Mais ça ne risque pas d’arriver, si ? C’est une merveilleuse soirée qui s’annonce. Si merveilleuse…

    La luciole passe la langue sur ses lèvres, hoche la tête, sur la réserve. Son cœur se cramponne à son thorax. C’est quoi, l’aveux ? Oh. Ça... Elle le sait déjà. Elle sait qu’il est désolé. Elle sait que c’est une offre splendide. Elle sait que pourtant, il va la décliner. Un sourire placide prend place sur ses lèvres. Ah, le voilà, le « mais » qu’elle attendait. Lola hoche de nouveau la tête, prend une petite inspiration, passe sa main dans ses cheveux, refait son chignon dans un geste mécanique, juste de quoi occuper ses mains, sa pensée, un truc pour qu’elle ne s’énerve pas, ça devait être une merveilleuse soirée.

    - D’accord, Oz. Je ne sais pas de quelle responsabilité vous parlez, vous n’êtes pas un enfant dont il faut s’occuper, vous n’êtes pas encombrant, ça me paraissait plus que juste, à moi, au contraire, j’aurais eu quelqu’un à qui me confier, quelqu’un à écouter, jour et nuit – enfin ! Ce n’est pas grave. J’accepte vos excuses. Qu’est-ce que je pourrais faire d’autre ?

    Sa réponse prononcée, d’une voix trop calme pour lui appartenir, la jeune femme pose ses yeux sur le magicien. Oui, il doit le savoir, qu’elle lui pardonnera tout, toujours tout, puisqu’elle l’aime. Ça, c’est injuste.

    Dimanche 27 Janvier 2019 à 17:31
    yumyumi

    Oz :

    Elle a le droit de s'énerver, même si elle ne le laisse pas paraître, Oz se doute qu'il ne lui faudrait qu'une goutte d'eau pour que le vase de sa colère déborde. Vous n'êtes pas encombrants. La gorge amère, Oz a envie de lui dire qu'elle ne sait pas ce qu'elle dit, qu'elle ne sait pas qui il est, qu'elle ignore tout de lui. Ignorante. Oz a envie de lui dire, mais il ne peut pas.

    Il veut lui épargner la déception, la déception de savoir que tout ça n'était que mensonge, qu'Oz n'est pas aussi parfait et organisé qu'il le laisse paraître, que derrière ses beaux gants et sa belle cravate tout n'est pas aussi beau qu'elle ne le pense. 

    Il reprend une inspiration.

    - Nous n'avons pas besoin de partager une chambre pour parler, Lola. Nous sommes...amis.

    C'est vrai, après tout, ils n'ont pas besoin de vivre ensemble pour qu'elle se confie à lui, qu'il lui parle jour et nuit et qu'elle l'écoute semblablement. Mais peut-être que la réalité est toute autre, peut-être que Lola ne veut pas qu'ils vivent ensemble dans le même foyer, peut-être souhaite-t-elle qu'ils vivent ensemble la même vie. Il serait borgne de dire qu'il ignorait tout des intentions de la luciole. Il voit comment elle le regarde. Mais est-ce qu'il pense qu'il en est estimable ? Non. Absolument pas. 

    - Ne vous retenez pas pour moi. Je vous en supplie.




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