[Les vieilles comptines] - Les derniers rayons du soleil caressent la canopée laissant place à une lune, ronde et belle. Doucement, la vie ralentit, les songes se déversent sur la forêt emportant quelques âmes récalcitrantes vers un monde euphorique de rêve et de cauchemars. Les respirations s'estompent. Le calme enlace les monstres.

C'est alors qu'aux quatre coins de la lande se détachent une lueur chaude à travers les buissons. Procession étrange de lanternes à laquelle sont accrochées quelques créatures parées de plantes, de perles et de fourrures. Jolie foule aux allures irréelles qui converge dans une direction commune. Esprits magiques qui se traine, pourléchant toute la flore de leur présence. Dans leurs sillages, les biches s'inclinent, les lucioles s'agitent. Gardiens de la Nature, ce fut un soir de comptines anciennes. Un feu de joie autour duquel dansent et virevoltent les adultes. Les enfants quand à eux bien sagement assis écoutent les histoires terrifiantes. On leur raconte comme le dehors est cruel, comme il y règne un climat de haine, comme il ne faut jamais franchir les limites du sous-bois. Mise en garde saugrenue et disproportionnée aux allures païennes. On joue avec les flammes pour illustrer. On propage parmi les rangs une peur savamment entretenue et transmise de génération en génération. Protecteur primitif d'un peuple effarouché.

Pourtant, cette nuit là, parmi les petites fées tremblantes, une tête rousse ne vit rien d'effrayant à ce spectacle. Absorbée par la puissance de ses êtres étrangers qu'on ne connait que par de poussiéreuses chansons. Naissance d'une curiosité qui ne sera à ce jour jamais réprimée. Yeux discontinues et non assortis qui découvre la possibilité d'un ailleurs.

[L'appel de l'inconnu] - Il ne fallut qu'un printemps avant que Dune ne transgresse la plus solide des règles. Les limites forestières furent bafouer sans grande retenue par deux petits pieds blanc transient d'appréhension. Dune s'évade depuis par moment en silence, profitant de ses acquis pour parcourir les vallées et les villes étrangères. Rapportant toute sortes d'objets farfelus, d'histoires palpitantes et de délices gustatifs dérobés à la volée. Des habitudes cleptomanes qui lui jouent souvent de bien mauvais tours.

[Vilaines manies] - Une naissance sanguinaire et bien douloureuse. Auguste fut créé d'une incohérence de l'Univers. Un point trop emplit de mésaventures. D'abord simple sensation, au fil du temps il prit de plus en plus d'ampleur. Fumée sombre, fantôme difforme avant de querir tant d'intérêt qu'il en devienne papable. Représentation corporelle de la culpabilité, né du vices devenu si lourd sur cette planète que les choses ont du le créé, lui, pour tenter de le supporter. Une guerre qui finit d'achever ce petit chef œuvre. Une conscience, un esprit critique, quelques sentiments disséminés bien vites. Auguste l'observateur, fauteur de trouble, a vu bien des choses - se nourrissant tendrement de ce que vous êtes devenu.

[La guerre] - Des litres de sang. Des cris stridents. Des larmes en torrents. Jubilation suprême de voir enfin ce monde s'entre tué. Après tout, ils n'ont que ce qu'ils méritent. Les cadavres qui se déchirent. Les Hommes déjà mort. Les âmes qui s'assombrissent à coup d'épée. Forme totale et parfaite qui se déchaina lors des batailles. Créature cauchemardesque au ailes noires s'abatant sur les combats. Auguste se fondit dans la masse de colère, obnubilé par tant de sincérité dans la violence qui se montre enfin. Esclave du chaos.

[Le pacte] - Incapable de comprendre, il porte à son cœur pour sa demoiselle une neutralité terrifiante. Lui qui s'imprègne depuis des années, il en connait toutes les tournures. L'ironie étant qu'il eut parfois l'impression d'être la forme la plus bienveillante dans sa vie, lui, le démon assis dans le noir pendant ses nuits agités. Il se retrouve à veiller sur cette petite chose fragile qu'il pourrait exploser entre ses griffes en un geste. Ecœurante fatalité pour un démon qui fut de plus en plus supportable avec le temps. Intrigante vie dont ne sort aucun bon sentiment, seulement une curiosité malsaine de voir quand elle explosera. Cette stupide petite créature. Très créatif en matière de torture, il boit son ennuie en jouant le parfait majordome. Il sème le doute parmi les rangs, murmures quelques bêtises selon son envie. Obéissant ou modifiant le court des choses pour mener à se qui lu convient le mieux sans grand intérêt pour les conséquences de ses actes. Pousse dans les escaliers une petite vieille toujours de son calme platonique. Une notion de morale qui lui échappe.

[Lettre interceptée] - Il y a quelque chose qui m'observe dans l'ombre. Quelque chose de malsain. Quelque chose qui épie le moindre de mes mouvements. Parfois, je sens son souffle gelé contre ma nuque. Je sens comme il me regarde pleurer chaque jour inlassablement. Cette chose se délecte du spectacle depuis mon angle mort. Elle me colle à la peau et quoi que je face, je ne peux me soustraire à ses règles. Encore ces satanées règles, comme si nous n'en n'avions pas déjà assez... 

Longtemps  j'ai refusé de voir la vérité. A toujours cherché une raison ou un coupable. Jusqu'au jour où j'ai compris. Le problème si tenace, c'est tout simplement moi. 

Tu m'as demandé de te parler alors c'est ce que je fais, à ma façon. Les mots ça n'a jamais été mon truc quand il s'agit d'illustrer mon mal être comme beaucoup je pense. Peut être que j'ai éduqué comme cela au fond. On ne m'a jamais appris à vivre droit. Mascarade parmi les hypocrites, peut être le suis-je encore plus que ma propre famille? Dans ce monde où les apparences règnent en maitre, je vois les gens se mentir et se déchirer le cœur pour quelques brides de pouvoir. Futile et lassant. Si tu étais là, toi au cœur si juste, nul doute que tu en deviendrais fou. La vérité c'est que tu sais quand tu touches un point de non retour. Tu le sens au fond de toi que quelque chose ne va pas. J'ai peur mon cher. J'ai peur qu'ils aient réussi à m'empoisonner. J'ai peur de finir par devenir le monstre parmi les monstres, que ma frustration me pousse à faillir. 

L'immondice dans mon sillage fut une découverte progressive dans le temps, d'une douleur nouvelle jusqu'alors inexplorée. Une bien plus insidieuse que physique. Cela te ronge. Bientôt mes os deviendront poreux. Et en un instant tu ne veux plus qu'une chose, c'est que cela cesse. Fardeau trop lourd à porter. L'un de mes tortionnaire, j'ai longtemps cru qu'il se nommait solitude. Mais c'était trop peu pour expliquer toute la force qu'il peut puiser en l'Homme. Cela ne lui suffisait plus. Dans un rêve, elle m'a chuchoté son nom. Culpabilité. 

Maintenant je ne rêve plus que d'une chose, m'enfuir loin de cette prison dorée. Partir à ta recherche à travers lacs gelés et forets sauvages. Je veux sentir le sable chaud sous mes pieds, la pluie contre mon visage. Tout faire pour briser ses chaines et pouvoir juste...respirer. Enfin. 

Titania Lazuli Van Der Guilt

[Prologue] - Depuis le tout début, la vie de Titania Van Der Guilt fut une histoire de temps. Bercée par les secondes, elle n'est pas linéaire tout comme lui. Les roses, emblème d'une famille cruellement séduisante parmi laquelle elle a grandit.  Toujours sourire, sauver les apparences coûte que coûte. Bourgeon dichotomique qu'on empêche de s'épanouir. Titania qui se doit d'être charmante, dans la retenue, se plier aux convenances, aux exigences de la haute société, que toujours tout soit compliqué. Les années se profilent et lentement, la demoiselle comprends que ce monde lui déplait. Un profond dégout pour sa situation. Une haine vorace pour elle même qui se tait face à l'humiliation de ne pas être libre, horreur d'appartenance. Car, voyez vous, les Van Der Guilt, aristocrates bien trop respectés, se sont hissés génération après génération au sommet. Chiens carnassiers à coup de chantage, de manigances, de messes basses. Les rumeurs rependues comme arme la plus puissante. Un bras long que l'enfant rêve de trancher. Depuis le début, la vie de Titania est donc une histoire de temps...mais aussi d'amour impossible.