• Une séduisante envie de te coffrer [privé]


    Lundi 1er Novembre 2021 à 18:28
    AUREUM.UMBRA

    Auguste ne perdait pas une miette du tableau. Un large sourire était venu fendre son visage. Il était temps pour lui de pimenter un peu les convivialités. D'un pas souple, il s'approcha de Madame Van Der Guilt, mère coriace aux dents acérées et aux boucles étouffantes mais pourtant toute aussi resplendissante que sa fille, dans un autre genre. Le vilain garnement s'empressa de couper court à sa discussion avec un quelconque aristocrate d'une contrée lointaine, l'invitant tout de sous entendu à observer la piste de danse. Il se plut à immiscer le doute vers le charmant petit couple dépareillé qui s'emportait au loin. 

    - Ma chère, il est amusant comme votre fille garde des relations bien diplomatiques avec Planeceres.

    Vanessa, puisqu'elle répondait à ce doux nom bien mal assortis à son âme, manqua de s'étouffer avec son breuvage. Son œil vicieux scruta au loin les deux silhouettes bavarder avec une appréhension certaine. Ses sourcils se froncèrent, mécontente. Que cela signifiait-il? Pourquoi l'austère Monsieur d'Aurevilly, bien connu pour ses exploits guerriers et son implacable visage de marbre dansait-il avec Titania? Après tout...peut être cela pourrait-il se rendre utile à l'avenir...?

     

    Titania L. Van Der Guilt:

    Son souffle contre sa nuque la fit frissonner. Voix grave qui se heurte contre ses tympans. Titania déglutit sous la pression. Il était dur de garder son tact alors qu'ils continuaient en apparence à onduler sous le joug de la mélodie. Notes harmonieuses berçant le cadre de cette scène bien improbable. Concentrés l'un sur l'autre, les créatures se firent rapidement emportés par leurs confidences sans se soucier des parures qui pouvaient tendre l'oreille à leur sujet.

    Corneille d'Aurevilly, capitaine de la garde de Planeceres pour vous servir. Il était donc haut dans la hiérarchie. Pensée qui fut loin de ravir la demoiselle bien qu'elle respectait sa distinction. Savoir qu'il possédait des informations compromettantes pouvait se révéler un véritable point faible pour sa famille. Elle devait s'assurer que ses escapades resteraient secrètes pour espérer les renouveler. 

    - Et oui, monsieur d'Aurevilly. Les femmes de la cours peuvent se révéler pleines de surprises.

    Lorsqu'il reprit la parole pour lui poser une question des plus osées, la fée tourna vivement la tête vers lui, rencontrant une proximité saisissante. Elle perdit un instant le fil de la conversation, surprise de tant d'hardiesse. Une fois ce regard intrigué échangé, elle regagna son calme, tournant la tête pour de nouveau souffler à son oreille. Elle aimait cette audace, tant qu'elle ne lui poserait pas préjudice.

    - Seulement aux plus chanceux.

    Titania dévoila habilement sa position. Elle n'était pas voleuse se faisant passée pour noble mais, encore plus surprenant fut-il, noble se perdant à se fondre parmi son peuple. 

    - Et vous, vous arrive t-il souvent de réprimander à tord les aristocrates lors de vos voyages?

    Elle se perdit à sourire face à leur échange plein de rebondissements. Ils se jouaient l'un de l'autre, à savoir qui sera le plus impertinent. Rien à voir avec les faux semblant habituellement débités lors de ce genre de réception. L'ondine se sentait libre à son contact de bafouer quelques convenances. De toutes manières, il était trop tard pour les politesses d'usages entre eux après un premier contact qui fut si inconvenant.

    - Il n'y a rien de mal à vouloir fuir par moment l'hypocrisie de la cours.

    Elle marqua une pose, un couplet de piano qui voulait que leur danse soit marquée par un petit porté. Imitant les autres participants, elle se tourna dans un élan de rubans. Dos à son accompagnateur, elle sentit ses mains fermes sur ses hanches la soulever de terre un temps. Prenant appuis contre son torse, elle ne put s'empêcher de noter la séduisante odeur qu'il dégageait. essence particulière à chacun qui se mêlait à plusieurs notes de lessives fraîches. Une fois la petite pirouette voluptueuse accomplie, ils se remirent dans leur position initiale. Le bras de fer captivant pouvait se poursuivre.

    - Je vous ai bien mal jugé il me semble. Etes vous l'un de ses pompeux représentants qui se complaisent dans quelques galanteries sordides? Cela serait bien décevant, moi qui pensait avoir trouvé un adversaire de taille.

    Mardi 2 Novembre 2021 à 21:35
    Upside

    Corneille d'Aurevilly:

    Emportés dans leur valse d'allure courtoise, ils se retrouvaient à jouer avec les mots, confrontant poliment l'un l'autre à demi, tout en heurtant quelques conventions puritaines données par un pan de la société pourtant bien trop dévergondé pour les exiger. La demoiselle ne nia pas l'escapade à laquelle elle s'était adonnée plus tôt, bien cachée sous son capuchon. En voilà un passe-temps pour le moins inhabituel pour une jeune femme aristocrate. Rares étaient ceux qui se mélangeaient ainsi au petit peuple. Mais rares étaient aussi ceux qui osaient se permettre d'avoir du mordant, de répondre sans garder sa langue dans sa poche, se jouant de paroles subtilement.

    Leurs visages étaient proches, visiblement intriguée par l'audace avec laquelle Corneille pouvait s'adresser à elle. Un bref regard échangé à la volée, rapidement, suspect mais espéré pas assez pour être relevé.

    Seulement aux plus chanceux. Si ce premier contact fut pour le moins un sort dont il se trouva victime malchanceuse, la suite des événements se révélait moins tragique. L'ennui pourtant habituel de ces réceptions qu'il jugeait inutiles avait subitement trouvé un certain intérêt qu'il se surprit étrangement à apprécier. Il n'était pas grand fervent amateur d'effronterie mais la situation rendait cette hardiesse presque amusante, lueur brillante dans un regard qui avait commencé la soirée éteint.

    Titania lui retourna alors sa question, adaptant sa tournure à l'impolitesse dont il avait fait preuve en insistant à la prendre pour une délinquante. Ses mots se glissaient dans le creux de son cou comme une provocation. Le capitaine tourna doucement la tête, son regard profond cherchant à plonger dans les iris d'un vert peu commun, son nez manquant de peu de heurter cette joue qu'il ne voudrait pas profaner.

    - Seulement quand ils se cachent parmi les chapardeurs de quartiers malfamés. Ce qui arrive assez rarement si vous voulez mon avis.

    Les paroles qu'elle ajouta après furent empruntes d'une réalité qu'il ne se garderait pas de confirmer, honnêteté inhabituelle pour ce genre de milieu. Les plus audacieux se voyaient trop vite jetés en pâture aux chiens de la noblesse à la moindre dérive, perdant leur langue au passage. Avait-elle déjà été dévorée par les charognes ou avait-elle réussi à s'en épargner... Il arqua un sourcil en guise de première réponse, avant que la musique ne change et que sa cavalière ne lui tourne le dos.

    Petit porté, il posa ses mains sur ses hanches, la soulevant. Fée plume, elle flottait entre ses paumes tout en s'appuyant contre son torse. Il n'avait pas l'habitude de contacts aussi doux, lorsque son corps en rencontrait d'autres, c'était toujours enrobé d'une violence sourde, d'un entraînement, d'un combat, d'une énième écharde qui se plantait quelque part contre sa peau pour laisser une marque indélébile. Une proximité brève, un tourbillon de rubans, les pieds de l'ondine regagnèrent le sol et ils reprirent leur position initiale ainsi que le court de leur conversation.

    La demoiselle Van Der Guilt s'enquit alors sur ce qu'il était, bien au delà d'un capitaine invité diplomate de Planeceres. Visiblement à la recherche d'un adversaire pour une confrontation dont il n'était pas sûr de comprendre l'enjeu, elle partagea sa déception à l'idée qu'il n'en soit pas un.

    - Je ne suis qu'un humble soldat, je ne suis pas fait pour les faux-semblants.

    Le vrai monde était brutalement honnête, loin de l'oisiveté confortable de la cour, et voiler ses intentions ne faisait pas partie des us et coutumes de la garde. Du moins pas de la sienne. Corneille ne savait que trop bien que la corruption pouvait bien tomber bien bas parmi certains rangs.

    - On ne m'a pas appris à porter un masque pour me fondre dans ce genre de lieux. Ou je n'ai peut-être pas cherché à apprendre.

    Il marqua une pause, tournant légèrement la tête vers son interlocutrice.

    - Je ne me serais certainement pas mêlé à ce petit florilège si je ne vous avais pas reconnue.

    Le regard de Corneille quitta celui de l'aristocrate, se levant insidieusement sur l'assemblée qui les entourait avant de reprendre la parole.

    - Et vous dites-moi... Vous appartenez à ce monde nauséeux sans en revêtir le châle de son hypocrisie. Qui êtes-vous donc?

    Lundi 10 Janvier 2022 à 17:44
    AUREUM.UMBRA

    Titania L. Van Der Guilt:

    Vous avez du répondant. Cela me plaît, monsieur d'Aurevilly.

    On vit s'étirer au coin des lèvres de la créature, un petit sourire charmeur. Elle écouta, attentive, chaque mot qui osaient franchir le seuil de ses lèvres. Petites effronteries qu'elle buvait goulument. Franchise, si exotique à son quotidien. Les phrases murmurées de l'étranger venaient s'échouer contre son épaule. Elle pouvait sentir son souffle rythmé par leurs pas souples. Il se dégageait du militaire une certaine superbe, quelque chose d'inquiétant, mais en même temps, de terriblement intriguant. Ce visage de marbre marqué par le temps semblait abriter un esprit bien vif. Titania n'eut pas de peine à s'en rendre compte. Après tout, la stratégie devait faire parti de son travail, devrait-elle s'en méfier?

    Un "humble soldat" hein, à qui voulez vous faire croire cela?

    - Je vous trouve bien curieux.

    Bien sure, elle ne répondit pas à la dernière question. La réalité était qu'elle même n'en connaissait pas la réponse. Le mystère qui semblait planer sur leur rencontre ne faisait que s'épaissir de nouvelles interrogations à chacune de leurs interactions. Elles jetaient un voile nonchalant d'indiscrétion - ou plutôt - de gourmandise. L'atmosphère entre eux aussi étouffante qu'un brouillard de printemps.

    - Qui vous dit que je n'aime pas me gargariser, cupide, face à la détresses des autres? Que ma fortune n'est pas due à quelques massacres de gens innocents? Que je ne mérite rien de tout ceci? Peut être que je suis le plus féroce des mensonges. Peut être devriez vous avoir peur de moi?

    Sa voix avait trahis une pointe de dureté. Sous le châle de son ironie semblait poindre la frustration. Elle paraissait si fine entre les mains dures de cet homme. Elle qui se revendiquait féroce, la dichotomie en était terriblement efficace. Titania était ainsi, elle ne pouvait résister à taquiner cet homme différent. Sa marge ne manœuvre était courte mais bien trop stimulante. 

    Il avait beau appartenir aux ordres, il ne semblait pas particulièrement apprécier la haute société. Son métier était pourtant de la défendre. Le personnage n'en ressortait qu'encore plus incohérent. Il ne pesait pas ses mots. Quelles pouvaient être ses motivations? C'était surprenant qu'il ose avouer son mépris à haute voix - enfin, plus exactement au creux de l'oreille de mademoiselle Van Der Guilt. Il prenait des risques, était ce le fait qu'il connaisse l'un de ses secrets qui le grandisse de ce courage? Se sentait-il en position de force? La sous estimait-il? Pourquoi?

    Nul doute, le grand blond avait l'étoffe du combat. Elle aussi, survivante d'une autre nature. Titania avait volontairement adoucit sa voix. L'ondine effleura du bout des doigts son épaule, resserrant légèrement de son autre main la poigne qui gardait la sienne. Accrochant de nouveau son regard alors que la valse les emportait dans un énième mouvement de soie et de plumes. Une prunelle qui en défis une autre dans un affrontement presque intime. Des armes invisibles qui croisent le fer. Une pensée qui se noie dans la bataille.

    Vous êtes décidément, un bien étrange personnage.




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