[#7] A l'aide ? Les secours, c'est lui ! [privé]

Frêne Seleighe :

Ce n'était qu'un bout de papier affiché sur un mur, une annonce parmi tant d'autres dans les rues de Marenostre. Mais pourtant, elle avait bel et bien attiré l'attention de Frêne. Le lac de glace. Et Tears, la sirène aux larmes prétendument guérisseuses. Si ça, ce n'était pas ce n'était pas un signe à destination de l'elfe, alors elle ne savait pas. Le problème était qu'il fallait aussi prendre en compte un roi disparu et un pirate à priori non fréquentable. Cela rendait donc l'escapade au lac de glace bien trop risquée pour que Frêne s'y mouille : pas la peine de perdre sa tête en essayant de survivre à son mal.

Fronçant les sourcils, elle s'éloigna du panneau. Elle trouverait un autre moyen de d'emprunter l'une des larmes de la sirène. A moins que … Tendant l'oreille, elle épia la conversation d'un groupe de soldats qui passaient là. Un certain "blambec" voulait partir à la rescousse de leur prince. Cette fois, Frêne ne pouvait plus avoir de doute : le destin, si tant est qu'il existait, voulait qu'elle aille là-bas, et qu'elle récupère une fameuse larme. Les idées s'alignèrent aussitôt dans l'esprit de l'elfe. Le  "blambec" allait avoir de la compagnie.

Cela faisait quelques jours que la cour des Vagabonds s'était établie prêt de Marenostre, et Frêne commençait à bien connaître les rues de la cité maritime. Elle n'eut donc aucun mal à retrouver la caserne où travaillaient les gardes de la ville, et un petit toit d'où elle pourrait observer les allées et venues. Pour une telle expédition, il fallait des armes -mais ça, tous les soldats en avait-, et des provisions. Il fallut attendre deux nuits, pour qu'enfin, à l'aube, une silhouette correspondant à ce que cherchait l'elfe apparaisse. Discrètement, elle suivi l'individu. Il se dirigeait vers la sortie de la ville et les routes menant au lac. Ca ne pouvait être que lui.

Arrivée à l'orée du chemin, Frêne se décida enfin à se manifester. Si elle continuait à le suivre ainsi, elle ne pourrait plus passer inaperçue. Si les rues matinales étaient peu fréquentées, bien pire étaient les routes de campagne, désertes en comparaison.

"Eh, le blambec ! Dis moi, tu vas sauver ton roi c'est ça ? Et tu ne refuserais pas un peu de compagnie sur les chemins, je suis sûre. Ne t'en fais pas, je ne suis pas là pour m'approprier la gloire d'avoir réussi à sauver le roi de Marenostre."

Ce qu'elle voulait, c'était guérir. Et si cela fonctionnait, on n'entendrait plus parler de la Gardienne des savoirs, qui préférait largement retourner dans ses livres que se mêler à la plèbe de Maeius ou Novanoxis.

Othello Vrilmurge:

C'était dramatique, le roi n'était toujours pas de retour et aucune nouvelle ne parvenait à la cité. La garde était un peu désemparée par les événements, ce n'était censé être qu'une petite querelle avec un pirate qui faisait plus de bruit qu'autre chose mais force était de constater que les choses étaient plus sérieuses que prévues.

Othello ne pouvait pas rester les bras croisés, on ne pouvait pas lui demander de surveiller les rues de la ville quand son roi était entre les mains que quelques criminels. Surtout que les rondes de surveillance était longues et ennuyeuses, on n'avait pas besoin de lui ici. Lorsque dans un passage ils passèrent devant le grand panneau d'affichage de la ville, son regard fut attiré par un papier en particulier. Un mission avait été apposée, cherchant des gens prêts à se rendre au lac de glace où se trouvait Alan.

Il ne put s'empêcher d'exprimer à haute voix son désir d'y aller avant de se faire rembarrer par un collègue plus haut placé, lui rabattant le caquet à coup de "blambec", histoire de lui rappeler qu'il était peut-être trop minable pour s'y rendre et encore moins sauver le roi tout seul. Alors il continua sa route tristement. Si personne ne voulait y aller avec lui, il irait seul. Il ne pouvait pas décemment rester ici les bras croisés à tourner en rond sur les pavés de Marenostre.

Pendant les deux prochaines journées, Othello prépara un bagage afin de s'éclipser discrètement ou tout du moins essayer pour se rendre au Lac de Glace. La nuit veillant son départ, il ne put se reposer correctement, bien trop envahi par des émotions mélangées entre la crainte, le stress, mais aussi une certaine excitation à l'idée de disparaître pour répondre à ce qu'il pensait dur comme fer être son devoir. L'aube finit par se lever, dévoilant les chemins qui sillonnaient les ruelles. Il se changea, attrapa son sac et s'en alla sans que personne ne se réveille sur son passage.

C'est ainsi qu'Othello quitta la ville, petites affaires sur l'épaules, en direction du lac qui retenait son roi prisonnier. Il espérait que le fameux pirate dont la mission faisait mention n'avait pas mis la main sur la larme de la sirène. Il avait une certaine réputation ce Mabrick et le jeune membre de la garde ne s'en porterait que mieux s'il restait assez mal en point. Après quelques temps à la marcher, à l'orée du chemin, une voix l'interpella.

- Eh, le blambec!

C'en était fini, bien qu'il ne reconnut pas la voix, il reconnut ce surnom. Surnom que toute la garde s'accordait à lui donner alors son chemin de pensée fut très court, pour lui, c'était un de ses chefs qui venait le réprimander et le ramener à la caserne. Il se retourna avec toute l'assurance dont il arrivait à faire preuve avant de constater que l'auteure de la remarque n'avait rien d'un membre de la garde.

Ce qui semblait être une demoiselle termina sa phrase, lui proposant sa compagnie pour la mission qu'il s'apprêtait à mener. Comment savait-elle? Peut-être avait-il parlé trop fort en s'y préparant? Il la détailla un instant du regard. Elle n'avait rien d'humain et il se risquait à penser que ses oreilles pointues étaient le signe qu'elle était un elfe. Ca avait des pouvoirs les elfes, nan? Et puis ça savait se battre aussi, nan? Enfin, quoi qu'il en soit, elle serait sûrement d'une précieuse aide! Et puis, la gloire n'était pas vraiment ce qui l'intéressait dans cette histoire.

- Euh oui.. En effet oui je pars pour sauver mon roi.. Enfin, ce n'est pas que je sois contre de la compagnie, à vrai dire ce serait même super.. Mais toi.. Comment tu sais où je vais?

Un peu déconcerté par la proposition sortie de nulle part, Othello n'en menait pas large, il se sentit bien honteux de représenter ainsi la garde de Marenostre. Il essaya de reprendre ses esprits.

- Je dis pas non à un peu d'aide, mes compagnons m'ont un peu abandonné sur ce coup-là.

Il se demanda tout de même ce qui pouvait l'avoir poussé à vouloir l'accompagner, si ce n'était pas la gloire. Le tourisme? Le voyage? Othello était curieux mais il pensa que ce serait d'abord malpoli de lui poser la question aussi directement et il n'avait pas envie de faire fuir ou de vexer un allié potentiel alors il crut bon de commencer par le commencement.

- Je suis Othello, soldat de Marenostre, et toi?

Frêne Seleighe :

L'elfe n'était pas mécontente de son effet. Cet air perdu que la garde avait manifesté pendant quelques instants, c'était le genre de chose que la cour des Vagabonds aimait susciter chez autrui ; Frêne n'y faisait pas exception. Elle rattrapa le soldat d'un pas assuré, ses cheveux nattés et sa queue battant l'air derrière elle. Une fois à son niveau, elle prit quelques instant pour le dévisager sans retenue de la tête au pied, avant de lui répondre.

- Il faut croire que vous parlez fort avec le reste de ta compagnie. N'importe qui peut vous entendre. Surtout en plein milieu de la ville.

Il fallait l'avouer, Frêne faisait preuve de mauvaise foi. Son "n'importe qui" correspondait uniquement aux personnes, qui, comme elle, ne se gênaient pas pour se mêler de ce qui ne les regardait pas. Sa mauvaise foi ne s'arrêtait d'ailleurs pas là, car elle fit délibérément le choix de ne pas répondre à l'affirmation suivante du jeune homme. L'elfe ne prévoyait pas réellement d'apporter son aide : elle ne pensait pas être en capacité d'aider. S'il fallait affronter le pirate potentiellement dangereux, Frêne ne voyait pas trop ce qu'elle pourrait faire. Se faufiler discrètement derrière lui ? Lui tendre un piège ? Ouvrir les portes de sa bibliothèque et ordonner aux grimoires de se jeter sur lui ? Cette dernière option aurait pu fonctionner, si les grimoires avaient été obéissants. Enfin, quoiqu'il en soit, il fallait admettre que l'elfe comptait principalement sur les capacités du garde pour régler la situation. Elle venait faire acte de présence.

Alors que le garde se présentait, et Frêne reprit son avancée pour le dépasser d'un pas. 

- On est bien d'accord que le lac est par là ?

Othello connaissait sûrement mieux le chemin qu'elle, qui n'avait jamais aperçu le lac de glace que sur une carte. 

- Oh, appelle moi ... Frêne.

Elle marqua une petite pause, qu'elle tenta de faire passer pour un effet de style, une théâtralisation supplémentaire. Mais en réalité, c'était bien là un moment de doute, le témoin d'une hésitation à se présenter, tout comme ses quelques pas en avant pour éviter de le regarder dans les yeux en parlant. Une croyance stupide courrait parmi son peuple comme quoi les noms avaient du pouvoir, qu'ils pouvaient permettre d'avoir du contrôle sur celui qu'on appelait. Cela avait beau être faux, l'elfe ne pouvait s'empêcher d'être récalcitrante à l'idée de se présenter.