touche avec tes yeux [privé]

Valealha Theseris;

Il était tard, Valealha n'avait rien pour connaître l'heure exacte mais le soleil était couché depuis longtemps et la lune était haute dans le ciel. Une fois de plus, la fille Theseris s'était arrangée pour échapper à la vigilance de sa mère et avait filé en douce, quittant les profondeurs et profitant de la marée haute pour remonter. 

Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait ça et ça n'allait surement pas être la dernière. Son petit rituel était bien huilé maintenant, elle se hissait sur des rochers à l'abris des regards et récupérait des vêtements cachés dans une petite crique qu'elle avait repéré il y'a quelques mois de cela. La transition entre sa forme aquatique et sa forme terrestre pouvait prendre de longues minutes mais une fois en mesure de marcher, elle s'habillait et faisait le tour par la côte pour rejoindre le coeur du repaire de pirates. 

Sa mère lui avait répété maintes et maintes fois qu'elle ne devait en aucun cas s'en approcher, que c'était dangereux, que c'était un endroit secret et qu'elle n'avait rien à faire là. Valealha, bien qu'intriguée par l'espèce humaine, n'avait aucun attrait pour les pillards et les gens violents. Mais elle devait avouer que voir leurs trésors, même de loin, c'était quelque chose qu'elle aimait beaucoup.

Elle était obligée de se cacher, de porter des vêtements amples, des longs manteaux et des capuches pour pas qu'on la remarque mais tant qu'elle gardait ses mains dans ses poches et qu'elle ne croisait le regard de personne, elle était à peu près tranquille. Et puis au pire, elle pouvait plonger dans les canaux qui parcourent la ville en cas de problème.

La jeune femme avait ce soir là porté son interêt sur un équipage qui faisait des allés retours dans les ruelles qui bordaient la place principale. Assise dans un coin, elle jetait des coups d'oeil aux imposants coffres —malheureusement fermés, qui circulaient pas bien discrètement entre les mains des brigands. Ils semblaient les entreposer dans un bâtiment plus loin et au moment ou la sirène allait se lever pour trouver un nouveau point d'observation, un reflet brillant entra dans son champ de vision périphérique.

Les yeux attirés par ce qui semblait être un bijou, la créature se leva et se dirigea doucement vers la femme qui marchait d'un pas rapide à l'opposé d'elle. À son poignet scintillait un bracelet doré qui semblait être serti de pierres. C'était joli et ça brillait, il n'en fallut pas plus à Valealha qui s'arrangeait pour se mêler à la foule tout en restant à une distance raisonnable de la dame aux cheveux blonds et de sa démarche assurée.

Elle voulait juste regarder le bijou d'un peu plus près, satisfaire l'envie et peut-être la pointe de jalousie qui commençait à faire surface.

Millicent Barrow:

Nombreuses étaient les routes qui menaient jusqu'au repaire pirate, lieu qui se voulait dissimulé entre les côtes dans lesquelles elle se retrouvait très souvent trop facilement. Elle comptait y passer la nuit, préparer la suite d'un périple en quête de quelques rançons, l'argent étant ce qui l'intéressait le plus dans ce genre de missions. La pierre magique volée faisait encore du grabuges et les dires étaient bien trop nombreux pour qu'ils se voient tous véridiques, aisni beaucoup de clients offraient des sommes assez conséquentes à qui auraient l'audace et la capacité d'en vérifier les rumeurs. Il lui avait été rapporté qu'une personne à Novanoxis pourrait lui en apprendre plus sur les informations qu'elle détenait et avait donc choisi de faire une halte par ici. Elle connaissait les lieux et savaient que personne ici n'aurait l'audace de s'attaquer à elle pour de quelconques raisons.

Elle déambulait dans les rues encore peuplées de cette petite ville improvisée d'un pas décidé, elle avait encore quelques choses à chercher avant de se poser pour la nuit dans une auberge qu'elle avait repéré plus tôt. Se glissant entre la foule pour se débarrasser plus vite de ses obligations pour aller se reposer, elle rêvait déjà de son lit douillet. Mais c'était sans compter la personne qui avait commencé à la suivre.

Millicent s'était fait beaucoup d'ennemis au cours de sa vie, rivaux pour une prime assez alléchante pour qu'on veuille attenter à sa vie comme simple personne n'ayant pas apprécier qu'elle vienne la bousculer en échange d'un peu d'argent, elle avait donc appris à surveiller ses arrières. Un inconnu encapuchonné lui collait aux talons depuis quelques minutes déjà et la blonde n'aimait pas trop ça. Elle prit quelques rues en réfléchissant à un moyen de semer ce curieux mais rien à faire, il la suivait toujours. Néanmoins l'aisance avec laquelle elle l'avait remarqué laisser présager que cette personne n'était pas très douée dans ce qu'elle était en train d'entreprendre.

L'idée d'avoir une deuxième ombre collée à ses trousses ne l'enchanta pas spécialement. La chasseuse choisit alors de prendre un tournant vers une allée plus sombre et dégagée dans laquelle elle pourrait plus aisément confronter le perturbateur. Bien qu'il eut l'air d'un novice, Millicent savait appris qu'il fallait toujours se méfier et éviter de sous-estimer ceux qui croisaient sa route, ce genre d'attentes se retournaient bien trop facilement contre celui qui les avaient et elle détestait se tromper. La main fermement posée sur le capuchon de sa gourde, elle se préparait à agir tandis qu'elle tourna dans la pénombre.

Elle attendit que l'inconnu s'y engouffre à son tour, profitant du peu de lumière pour mieux s'y cacher, prête à dégainer le contenu de sa bouteille au moindre faux pas. Elle s'avança doucement hors de la cachette d'ombre dans laquelle elle s'était dissimulée de temps de surprendre son potentiel adversaire.

- Ca fait quelques temps que j'ai remarqué que tu me suivais.. Demanda-t-elle calmement. Je peux savoir pourquoi?

Valealha Theseris;

Petite ombre avançant dans la nuit, la sirène voyait le centre de la petite ville s'éloigner de plus en plus. Les rues se faisaient plus sombres, plus étroites, bien moins fréquentées. À vrai dire, elle n'était pas tout à fait rassurée, elle gardait cependant les yeux rivés sur le bijou, objet de convoitise qui valait surement beaucoup plus que les breloques attachées autour de ses poignets.

Valealha n'avait pas vraiment la notion du temps, elle n'aurait donc pas su dire combien temps elle passa à suivre l'inconnue. Cependant elle commençait à avoir mal aux jambes et à ressentir la chaleur malgré la brise fraiche de la fin de soirée. Il fallait dire que l'air ne circulait que très peu sous la lourde cape qu'elle avait sur le dos. La randonnée commençait à être désagréable et l'envie de retrouver les profondeurs pointait le bout de son nez.

La dame qu'elle suivait semblait connaître son chemin, s'engouffrant sans hésitation dans des ruelles vides et pas bien rassurantes, disparaissant du champ de vision de la jeune créature le temps d'un virage. 

Jusqu'au moment ou elle ne réapparut pas.  L'allée dans laquelle elle s'engagea était un peu plus large que les autres et lorsque Valealha s'y engagea à son tour, aucune trace de la tête blonde et de son bracelet hypnotisant. La brune fronça les sourcils, bien embêtée d'avoir son champ de vision si réduit par la lourde capuche qui collait à son front transpirant. Elle fit un demi tour sur elle-même, jeta un coup d'oeil à droite, puis à gauche.

La panique n'eut pas le temps de se pointer que l'inconnue qu'elle suivait sortit finalement de l'ombre, s'avançant vers elle sans un bruit.

Valealha se retourna brusquement, dissimulait très mal sa surprise et le sursaut qui l'accompagna. 

Ca fait quelques temps que j'ai remarqué que tu me suivais.. Je peux savoir pourquoi? 

Elle resta d'abord muette. Ne pouvant pas lever les yeux pour voir le visage de celle qui l'avait prise sur le fait, elle se contenta d'observer son cou et son menton. Elle n'avait pas vraiment d'explication à fournir, la fille Theseris savait que son comportement était louche.

— Je voulais pas vous voler, bredouilla t-elle finalement, le souffle court et la voix pas bien assurée.

Phrase typique d'un voleur. Et en plus de ça, la jeune femme venait d'admettre à demi mot qu'elle la suivait pour ses biens.

— Promis !

La jeune femme commença à reculer doucement. Elle n'avait rien à se reprocher, mais elle n'avait aucun réel moyen de prouver sa bonne foi. Il faisait sombre, elle n'avait aucune idée d'où elle se trouvait ni du chemin à emprunter pour rejoindre l'océan et surtout, à défaut de voir la figure de l'inconnue, elle voyait très bien sa main posée sur la gourde qu'elle tenait à la ceinture.